TRILOK GURTU & ARKE STRING QUARTET

THEÂTRE

Vendredi 21 Septembre 2007

Dans le cadre du Festival "Tambours de Fête"


On attendait Trilok Gurtu. En fait, ce fut le Arkè String Quartet qui joua seul le premier morceau, devant une salle bondée. Et d'emblée l'évidence d'un son sensiblement différent d'un quatuor à cordes "classique". La présence d'une contrebasse à la place du traditionnel violoncelle y est certainement pour quelque-chose, d'autant plus qu'à l'instar des contrebassistes de jazz, Stefano Dall'ora privilégie le pizzicato. L'amplification, sans effets ostensibles, mais gommant légèrement les aspérités donne au quatuor un son très plaisant.
Quand Trilok entre sur scène et s'installe derrière son impressionnant set de percussions, composé d'une batterie "jazz" avec des toms électroniques, de tablas, et d'une foultitude de cymbales et de petits accessoires, il apporte au groupe une nouvelle dynamique. On se rend rapidement à l'évidence, sa réputation n'est pas usurpée : précision du geste et de la frappe, virtuosité, inventivité, tous les ingrédients sont là pour une prestation exceptionnelle. Petite crainte quand Trilok interrompt son premier chorus de tablas pour réclamer un silence total. L'ambiance est un peu tendue. Heureusement quelque morceaux après, il déclare que le public est trop sage, qu'on est là pour prendre du plaisir et qu'on peut le manifester. L'audience se décrispe et participe au concert, jusqu'à l'apothéose finale où le public reprend en chœur les onomatopées chantées souvent associées aux rythmes des tablas.
Entre temps, le répertoire a visité bien des contrées. Majoritairement composé de compositions des membres du quatuor, il nous entraîne aussi bien en Egypte, au Maroc et bien sur en Italie notamment évoquée par le biais d'une suite de tarentelles très entraînantes. Trilok Gurtu, de son côté nous proposant des morceaux inspirés par son Inde natale.
Cette variété d'inspiration ne nuit en rien à l'homogénéité de l'ensemble. Procurée par le mélange du modèle classique et de l’arrangement ethno-contemporain propre au travail de Trilok Gurtu, la musique fonctionne à merveille, portée par des musiciens de grande valeur. Le premier violon Carlo Cantini est impressionnant de virtuosité, et possède un sens de l'improvisation rare chez les musiciens "classiques". Les autres membres du quatuor, Valentino Corvino (violon), Sandri Di Paolo (alto) et Stefano Dall'ora (contrebasse) sont eux aussi à l'aise dans l'improvisation et le dialogue passe à merveille entre les cordes et les percussions. Passage "space" : Trilok, malheureusement tourné dos au public distille des sons inouïs garce à des percussions bizarres, parfois jouées dans un seau d'eau, avec il faut le dire la complicité de l'excellent sonorisateur qui y ajoute réverb et autres effets... Moment magique ...
La fin du concert approche. Trilok s'installe sur un cajon placé sur le devant de la scène et chante les onomatopées liées aux rythmes , et entreprend de les faire reprendre par la salle. Ce qui n'est pas une mince affaire quand on ne possède pas cette culture. Mais Trilok Gurtu est aussi un entertainer, et repartant sur des bases plus simples, il entraîne l'auditoire avec lui. Un court instant les instruments à cordes se font percussions sous les doigts des instrumentistes, le public ravi frappe dans les mains, dirigé par le Maître Gurtu.
Rappel tout en énergie avec Trilok toujours au cajon avec un quatuor en verve et un public définitivement sous le charme. Standing ovation bien méritée. Ce soir le public a découvert un grand percussionniste et une bien belle musique!
Patrice Boyer

 

 


photos Michel Renaux

 

 
 
 
Photos Jean-Marc Adams
   
 
 
 
 
photos Dominique Rieffel
 
 
 
 
2 photos de Robert Huysecom
 
 
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