24 heures.
Citizenjazz
Ouest-France Décembre 2020
Jean-Claude Vantroyen- Le Soir.be
ELINA DUNI – « LOST SHIPS »
UNE COHÉRENTE ET SAINE RESPIRATION
"En dix ans, elle s’est patiemment fait une place dans l’espace ouvert du jazz européen, en compagnie d’un quartette qui habillait avec soin son chant inspiré. Puis, elle s’est lancée dans une aventure solitaire, heureuse libération musicale. Désormais, entourée de nouveaux instrumentistes, notamment le guitariste Rob Luft, la chanteuse albanaise nous offre un magnifique nouvel album : Lost Ships…
Loin de naviguer à la dérive, Elina Duni semble progresser dans son évolution musicale en suivant attentivement le mouvement des étoiles. Et ses disques reflètent le sens et la cohérence de ses intuitions et de ses options esthétiques, bien reliées à la terre. Ainsi, dès l’ouverture italienne de cet enregistrement («Bella Ci Dormi»), on pourrait songer à une femme, émigrée albanaise, adoptant le répertoire traditionnel qui articule son quotidien à Cosenza (en Calabre, au sud de l’Italie), surtout si l’on évoque l’âne et la charrette symbolisant le voyage nomade de son premier album.
Ainsi, lentement, Elina Duni amplifie le spectre de son répertoire, explorant le son et la parole, par-delà les traditions balkaniques, sans les oublier, pour intégrer de belles chansons venues d’ailleurs. Par de fins arrangements, des thèmes de Frank Sinatra ou de Charles Aznavour qui pourraient paraître anachroniques y retrouvent une fraicheur singulière, grâce à son interprétation habitée. Mais, surtout, il y a la continuité de son travail d’écriture. Ses six compositions personnelles, donnent à entendre la maturité musicale et la profondeur de sa poésie, enrichie, par le jeu du pianiste Fred Thomas, du trompettiste Matthieu Michel, et par la sensibilité et la qualité d’écoute du guitariste Rob Luft.
Enregistré en février 2020, par l’ingénieur Gérard de Haro au réputé studio La Buissone, cet album est une sorte de miracle avant virus. Une année plus tard, se perdre dans la musique de Lost Ships est une saine alternative, une respiration."
FRANCISCO CRUZ Sondumonde .fr
"Sorti juste à temps pour figurer sur les listes des meilleurs albums de 2020, Lost Ships de la chanteuse albano-suisse Elina Duni et du guitariste britannique Rob Luft est un chef-d'œuvre de paroles et de musique d'une beauté exquise et d'une complexité émotionnelle, réalisé par deux des talents les plus distinctifs de la scène européenne. Passionné et grave, serein et désolé, c'est une sorte de suite à "Partir", l' album précédant d'Elina Duni, sorti en 2018 chez ECM, et acclamé par la critique.
Partir évoquait la découverte de la crise humanitaire qui balayait alors (comme aujourd'hui) l'Europe alors que les réfugiés d'Afrique et du Moyen-Orient se dirigeaient vers le nord à la recherche de vies meilleures. Lost Ships, un autre recueil de chansons sur l'amour et l'exil - cette fois-ci une moitié de compositions originales, co-écrites par Duni et Luft - revient sur ce thème, en intégrant également les préoccupations environnementales. Le titre fait référence au nombre inadmissible de petits bateaux qui coulent alors qu'ils traversent la Méditerranée et la Manche en transportant des réfugiés, et au nombre inconnu de vies qui ont été (et continuent d'être) perdues.
L'album est composé de six originaux, quatre chansons traditionnelles d'Albanie, d'Italie et des États-Unis, et deux reprises, "Hier Encore" de Charles Aznavour et "I'm A Fool To Want You" de Frank Sinatra, Jack Wolf et Joel Herron. Fidèle à l'orientation anti-nationaliste de Lost Ships, Duni chante en quatre langues - anglais, albanais, français et italien - et la traduction des paroles non anglaises figure dans le livret du CD. Le duo est rejoint par le bugliste suisse Matthieu Michel et le multi-instrumentiste britannique Fred Thomas au piano et à la batterie. (Pour en savoir plus, consultez cette interview qu' Elina Duni et Rob Luft ont donnée à l'AAJ en novembre 2020).
Dans leur note de couverture, Elina Duni et Rob Luft observent que, malgré la gravité que l'on retrouve dans une grande partie du matériau, il y a une légèreté qui imprègne tout. Ils concluent avec une ligne de "Lux", l'un de leurs originaux : "Dans chaque larme, il y a une lumière qui se montre" Et c'est ainsi. Rob Luft a déjà gravé l'un des grands albums de 2020 avec son deuxième disque en nom propre, Life Is The Dancer . En voici un autre. Un véhicule parfait pour faire la transition vers une nouvelle année meilleure, espérons-le."
By CHRIS MAY All About Jazz
December 4, 2020