A 50 ans, le fondateur du World
Saxophone Quartet n'a plus rien à prouver : plus de 250 enregistrements,
dont 80 en leader ou co-leader, des collaborations avec les plus grands
: Elvin Jones, Mc Coy Tyner, Jack DeJohnette, Max Roach, Don Cherry....
David Murray aurait pu se contenter de sa réputation de saxophoniste généreux
aux chorus paroxystiques, aux effets exacerbés, mais il multiplie les
projets originaux : rencontre avec des musiciens cubains et guadeloupéens,
concerts et enregistrements avec quartet jazz et cordes, spectacle musical
sur des textes de Pouchkine....
C'est finalement avec son quartet le plus jazz que David Murray viendra
à Charleville, et ce sera l'occasion de se rendre à l'évidence : celui
qui fut à ses débuts apparenté au free-jazz porte en lui toute l'histoire
du saxophone jazz, avec une référence évidente à des maîtres tels que
Coleman Hawkins et Ben Webster, saxophonistes au son ample et charnu,
et parfois aussi à l'univers de Duke Ellington.
Mais ne vous y trompez pas, si David Murray dévoile plus facilement ses
racines (roots) c'est pour pouvoir emmener son chant au plus loin, aux
confins de la transe.
En 1991, le critique jazz du New-York Times écrivait : "David Murray est
à coup sûr "le soliste le plus imposant apparu ces dix dernières années."
Cette puissance est née de la totale immersion de David Murray dans la
musique, et de sa conviction que l'on peut découvrir sans fin en soi-même
-et musicalement parlant- si l'on continue à aller de l'avant en ne perdant
pas de vue ses origines." Nat Hentoff
Ces phrases relevées sur les
notes de couverture d'un disque (Black & Black 1991) enregistré en
1991 avec entre autres un Roy Haynes magistral peuvent s'appliquer à toute
la carrière de David Murray, mais éclairent particulièrement bien la démarche
de ce quartet.
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Biographie
DAVID
MURRAY Saxophoniste ténor, clarinettiste basse, compositeur
"Sois Bop et tais-toi!
Impossible pour ce fils de méthodistes, qui retrouve dans l’espace coltranien
et les fleurs du mal ayleriennes la figure de nègre spirituel. David a
aujourd’hui 45 ans et plus de 220 albums devant lui.
Dans la dernière ligne des années 90 on a parlé de fusion, de world music,
voire de panafricanisme à propos de David Murray depuis qu’il a entrepris
le voyage à rebours à travers les Caraïbes, les" petites" Amériques, via
l’Afrique du Sud et le Sénégal".
Extrait de la biographie de David Murray par Blaise Makossa (2000)
Avant d’aborder ce "voyage à rebours", David Murray a brûlé les étapes
de l’histoire du jazz : né à Oakland, il grandit à Berkeley et étudie
avec Catherine Murray (organiste et mère de David), Bobby Bradford, Arthur
Blythe, Stanley Crouch, Margaret Kohn et bien d’autres jusqu’à son départ
du Ponoma College (Los Angeles) pour New York où il s’installe en 1975.
A New York ce sont Cecil Taylor, avec qui il joue, et Dewey Redman qui
l’encouragent. Là encore des rencontres, d’hommes et de musiques: Sunny
Murray, Anthony Braxton, Oliver Lake, Don Cherry.
Au sein de l'Energy band de Ted Daniels, il travaille avec Hamiett Bluiett,
Lester Bowie et Frank Lowe.
En 1976, après une première tournée européenne, David Murray monte un
de ses groupes mythiques, le World Saxophone Quartet avec Oliver Lake,
Hamiett Bluiett et Julius Hemphill.
Il entre dans une dynamique de créativité intense, enchaînant enregistrements
et formations à géométries diverses.
De Jerry Garcia à Max Roach en passant par Randy Weston ou Elvin Jones,
David Murray multiplie les rencontres jusque vers 1978, moment où il développe
son quartet puis octet et quintet et se consacre à ses propres formations.
Sans pour autant hésiter à se lancer dans d’autres créations puisqu’il
fait appel à des cordes (concert au Public Théâtre à New York en 1982),
des tambours Ka de Guadeloupe (Créole, 1998), des musiciens et danseurs
d’Afrique du Sud (MIBizo, 1998), fruits de ses nombreux voyages.
Les récompenses de David Murray incluent: un Grammy pour Blues for Coltrane,
1988, un Guggenheim Fellowship, le Bird Award, le Danish Jazz Par Prize,
le Ralph J. Simon Rex Award. Il a été nommé Personnalité du Guiness Jazz
Festival (1994), Musicien de la décennie (1980) par le Village Voice et
Musicien de l'année par le New York Newsday in 1992.
Deux documentaires ont été réalisés sur sa vie, "Speaking in Tongues"
(1982) et "Jazzman" qui a été nominé au Festival du Film de Baltimore
en 1999.
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New York Times:
David MURRAY
Quartet
"David Murray Quartet
est un des meilleurs groupes à s'être produit au Village Vanguard durant
les années 80-90. Aujourd'hui David Murray accompagné de trois musiciens
accomplis, y combine son "hard swing" avec un son exceptionnel, des idées
mélodiques originales et cette approche non conventionnelle qui a forgé
sa réputation.
Dans ce contexte, David Murray est capable d'explorer toutes les directions
avec une totale confiance en ses musiciens capables d'effectuer toutes
les transitions avec une complète maîtrise. Il n'y a pas d'hésitation,
de faiblesse ou de peur. On peut entendre David Murray à son apogée et
l'écouter tester ses capacités à l'intérieur d'un groupe autorisant une
liberté d'expression totale.
Si quelqu'un apprécie la musique et le jeu de David Murray, il n'y a pas
de meilleur moyen d'écouter ces deux éléments que quand, emplis d'une
force intérieur, ils sont portés par la maîtrise de ce quartet."
Stanley Crouch
Jazz Magazine :
"Indispensable David Murray
qui sait rendre en un chorus, parfois en une phrase, tout le lyrisme du
jazz. On dit souvent qu'en lui se joignent Hawkins et Ayler- et aussi
Archie Shepp, Don Byas, Gene Ammons, etc… C'est bien plus que cela : dans
le chant unique de David Murray s'entendent Armstrong, Eric Dolphy, Roswell
Rudd… Cette faculté de rassembler en soi toutes les voix de l'histoire
le met à l'aise en toutes circonstances….Il arrive que cette aisance soit
perçue comme de la facilité. Il est vrai que le saxophoniste n'est pas
comptable de sa générosité et qu'entre l'Italie (Black Saints ) et le
Japon (DIW) , sa production prend des allures de raz de marée. Mais comment
pourrait-on donner en excès quand on est inépuisable ? Pour être pléthorique,
la parole de Murray n'en est pas moins essentielle…" Patrick Williams
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LA PRESSE:
photo Enrique De La UZ
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Les Inrock.com:
David Murray 4tet
& Strings "Waltz Again"
"Après avoir
été révélé à la fin des seventies par le courant post-free, David Murray
aurait pu se reposer sur ses lauriers.
Au lieu de ça, il n’a jamais cessé de se renouveler et de faire fructifier
l’héritage de ses pairs.
Parmi ses projets, ce colosse de 50 ans n’avait jamais abandonné l’idée
d’enregistrer avec des cordes.
Depuis les années 80, il avait d’ailleurs acquis une grande expérience
dans ce domaine, par le biais d’hommages à Coleman Hawkins, Ben Webster
ou Duke Ellington. L’an dernier, à Banlieues Bleues, il s’était même attelé
à Pouchkine, au cours d’une suite pour orchestre à cordes et quartet de
jazz que l’on retrouve ici en partie, jouée en studio et augmentée d’autres
morceaux.
Waltz Again s’intègre donc à une tradition remontant encore plus loin
que Charlie Parker, conceptualisée à une époque sous le nom de Third Stream.
Comme chez ses maîtres, l’équilibre entre masse orchestrale et improvisations
est parfait.
Dédié à son père récemment décédé, ce mélange de pièces à la dramaturgie
sombre et de ballades romantiques procure une impression globale de grande
sérénité."
Philippe Robert
Jazzman :
"La première
grâce de cette musique est de ne pas être revivaliste, alors qu'elle est
bourrée d'hommages. Le grain du saxophone ténor est généreux, charnu.
Le son bluesy, presque canaille, s'adosse à des mélodies affirmées et
à des riffs solides. Mais on va bien au-delà la tradition : progressivement,
sans rupture, Murray monte dans la tessiture de l'instrument, et parcourt
le suraigu, généralement réservé au cri et à la convulsion. On voit là
le talent du musicien : ces fulgurances sont toujours mélodiques, toujours
liées au thème et inversement, les phrases les plus simples sont toujours
une braise vibrante…"
Yvan Amar
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