Mardi 4 Février 2014

 Auditorium CRD
CHARLEVILLE-MÉZIÈRES

CÉLINE BONACINA TRIO

Céline Bonacina : saxophones baryton alto et soprano
Olivier Carole : basse
Hary Ratsimbazafy : batterie

photo Dominique Rieffel

 

Elle arrive sur scène, toute frêle dans sa tenue orange flashy, saisit un saxophone baryton qui semble trop grand pour elle, et dès les premières mesures, prouve qu'elle a dompté la bête ! " Travail sur le son, harmoniques, respiration, souffles, slaps, growls, maîtrise des aigus pointus et des graves épais et profonds …Céline Bonacina ne joue pas du sax, elle  "est " le baryton, et sait le pousser dans ses derniers retranchements " (Citizen Jazz).

Elle installe un riff, l'harmonise d'une ou deux autres voix de saxophone, appuyée par la rythmique solide et terriblement efficace mise en place par le batteur malgache Hary Ratsimbazafy et le bassiste Olivier Carole, au besoin ajoute son chant, (sa voix). Sur cette base souvent dansante, elle part à l'aventure. Jamais très longtemps dans la même direction : les compositions sont très construites, les cassures de rythmes fréquentes ...

Lorsqu'elle s'empare du saxophone alto, le groove s'intensifie encore. Le bassiste qui double souvent ses chorus de la voix prend des libertés, et le batteur très inspiré par les rythmes de l'Océan Indien nous offre quelques solos mémorables. L'usage fréquent d'une cloche jouée grâce à une pédale, installant un ostinato nous rappelant ses origines, donne une couleur particulière à son jeu.

Quant à Céline Bonacina, rompue aux rythmes complexes rapportés de la Réunion, où elle a passé sept ans, elle peut tout se permettre, sans jamais s'éloigner du chant. C'est qu'elle en a, des histoires à raconter, des voyages à partager. Le soprano lui permet un temps d'installer un climat plus rêveur. Un court morceau en solo au baryton nous emporte dans le "Souffle d'un Songe", elle y fait preuve tout en douceur d'une maîtrise du son impressionnante.
Et quand la rythmique la rejoint, c'est pour nous entraîner dans le "Désert", alternant climat planant et ritournelle chantée qu'on a envie de reprendre en chœur .

Le premier rappel ("Segaline") nous plonge dans le rythmes sega de la Réunion. Elle y joue du "kayamb", instrument de percussion typique de cette île, avec frénésie et avec un désir évident de partager avec le public la passion qui l'anime.

Lequel public, conquis et chaleureux, la rappelle une nouvelle fois. Galvanisés par cet accueil, Céline et ses musiciens, tout sourires, nous offrent un dernier voyage.

Le retour dans la grisaille ardennaise va être dur! (encore que le soleil nous ait fait une heureuse surprise dans l'après-midi, peut-être pour accueillir Céline ! )

Patrice Boyer

 

Photos du concert par Dominique Rieffel

Photos du concert par André Henrot

photo André Henrot