Jeudi 5 Février 2015

 Auditorium CRD
CHARLEVILLE-MÉZIÈRES

DANIEL ZIMMERMANN QUARTET

Daniel Zimmermann : trombone
Jérôme Regard : contrebasse
Julien Charlet : batterie
Maxime Fougères : guitare

photo Dominique Rieffel

 

Contrairement au cd "Bone Machine" qui démarre sur les chapeaux de roues, le concert débute assez doucement : volonté de montée en puissance, peut-être associée à une mise en route un peu difficile, deux des musiciens étant un peu fiévreux. Il faut dire que la bise était glaciale dans nos Ardennes et la salle peu chauffée. Quoi qu'il en soit, après le premier morceau, "Mr Squale" , qui ne figure pas sur l'album, vient "Mademoiselle", que Daniel Zimmermann a composé pour sa fille, une belle ballade qui réchauffe les cœurs. Le son feutré du trombone, la sonorité claire de la guitare de Maxime Fougère et la rondeur de la contrebasse de Jérôme Regar font merveille..
Avec "Regatta de Bones" , les choses se compliquent un peu : si la mélodie d'ouverture est simple, la structure du morceau, son découpage rythmique mettent en évidence une écriture plus complexe, avec une alternance de tempos différents et des thèmes à tiroirs. Encore un morceaux inédit, "Mamelles", et vient "Nos funérailles", à la mélodie nostalgique sur batterie minimaliste. Le trombone de Daniel Zimmermann déploie des sonorités chaudes et somptueuses, avec l'emploi ou non de diverses sourdines. Les improvisations déploient un tapis de velours sur une basse toute en glissandos et les arpèges limpides de la guitare.

Après ce sommet d'émotion, place au groove et à la folie. " Flying Pachidermes " : il n'est plus question de fièvre grippale, mais d'une autre fièvre tout aussi contagieuse qui fait bouger les pieds et réchauffe les corps sans les anéantir. Après cette dépense d'énergie, on embarque dans le " Taxi Noche en Yaoundé ", souvenir d'un voyage africain qui fut aux dires de Daniel Zimmermann assez épique ... , et on est vite emporté dans le délire et la chaleur de la nuit africaine. Julien Charlet a oublié son état grippal et propulse l'ensemble sur ses tambours tribaux. Notons que même lors des passages les plus funkys, le trombone de Daniel Zimmermann garde un son rond et chaleureux, assez éloigné par exemple des passages en force d'un Gary Valente.

Après une superbe ballade " Open Letter to Charles", naturellement dédiée au grand Charlie Mingus, grand mélodiste s'il en est, qui aimait beaucoup les sonorités du trombone ( Remember Jimmy Knepper ...), on replonge dans le côté punchy du répertoire, avec un morceau aussi délirant que son titre pouvait le présager :" Komodo Dragons attack Wall Street ", présenté de manière pince sans rire par Daniel Zimmermann.

En rappel, une reprise de Frank Rosolino ,"Please don't bug me ", chantée façon crooner désabusé par Daniel Zimmermann, alternant voix et trombone comme aimait le faire l'auteur du morceau. Comme tout au long du concert, Jérôme Regard, Julien Charlet et Maxime Fougères font beaucoup plus qu'accompagner Daniel Zimmermann, ils apportent tout leur talent et leur personnalité tant dans les harmonies que dans leurs chorus très inspirés.

Les virus et le froid ont été effacés par ce beau moment de musique et le public n'a pas envie de quitter la salle pour affronter l'hiver, mais les musiciens ont beaucoup donné et les échanges se continuent lors de la séance de vente de disques et de dédicaces dans le hall d'accueil, histoire de prolonger un peu le plaisir avant d'affronter les rigueurs de l'hiver.

Patrice Boyer