Une salle comble, un public ravi : le concert du quartet de Jacques Pirotton et Jean-Pierre Froidebise fut incontestablement une réussite. Il faut dire que les deux guitaristes belges avaient tous les atouts pour réunir les amateurs de jazz, de blues, de jazz-rock ... Virtuoses, ils le sont assurément, mais c'est surtout leur complicité qui fait merveille. Épaulés par une rythmique superlative, le jazzman Jacques Pirotton et le bluesman Jean-Pierre Froidebise ont mêlé leurs voix, se partageant des solos, et se soutenant mutuellement. Toutes les combinaisons entre les jeux de guitare ont été explorés : à l'unisson, voicings, soutien harmonique, rythmique... La fluidité de Jacques Pirotton contraste avec le jeu de Jean-Pierre Froidebise, plus dynamique avec des accents blues, parfois rock, l'utilisation du bottlelneck sur quelques morceaux renforçant cet ancrage dans le blues. Jacques Pirotton, expert en harmonies, sait aussi lâcher la bride, et les folles cavalcades de guitares de plus en plus fréquentes en fin de concert, soutenues par la contrebasse débridée de François Garny et l'énergie du batteur Michel Seba ont enthousiasmé le public.

Le répertoire : après un morceau de John Scofield, ce sont des compositions personnelles qui se sont succédées, présentées avec humour par le facétieux Jean-pierre Froidebise, évoquant parfois des moments de leur vie : jeunesse dans la même rue, l'un en haut, l'autre en bas, cours d'harmonie avec Steve Houben à qui ils dédient un morceau. Une superbe ballade de Bill Frisell, avant de repartir dans des échappées plus sauvages ... Après un dernier morceau d'une folle énergie virtuose, le groupe revient et calme le jeu avec une étonnante version des "Jeux Interdits", morceau massacré par des générations d'apprentis guitaristes, qui trouve ici des couleurs inédites sous le bottleneck de Jean-Pierre Froidebise et les douces harmonies de Jacques Pirotton ... Dommage que ce groupe n'ait pas enregistré, on aurait bien volontiers prolongé le plaisir pour échapper à la grisaille de l'hiver que l'on était parvenu à oublier l'espace d'un concert...

Patrice Boyer

 

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