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Mercredi 17 mai 2023
THÉÂTRE de
CHARLEVILLE-MEZIERES
RENAUD GARCIA-FONS
"Le Souffle des Cordes"
photo André Henrot
Renaud Garcia-Fons :
contrebasse 5 cordes
Derya Turkan : kemence
Serkan Halili : kannun
Kiko Ruiz : guitare
Florent Brannens : violon
Amandine Ley : violon
Cyril Bouffyesse : alto
Nicolas Saint-Yves : violoncelle
en partenariat avec le Théâtre de Charleville-Mézières
Renaud Garcia-Fons s'est déjà produit plusieurs fois à Charleville-Mézières. D'abord en 2001 en duo avec l'accordéoniste Jean-Louis Matinier, puis avec son Navigatore Octet en 2002, avec le Bakida Trio ( Nguyên Lê : guitare, Patrice Héral : batterie ) en 2009, et enfin pour deux concerts solo à guichets fermés en 2013 ( plus un pour les élèves du CRD ). Le public carolo-macérien, qui connaissait sa musique et son extraordinaire technique de contrebasse, a été subjugué une fois de plus par une prestation exceptionnelle. La musique, toujours aussi inspirée par les musiques du monde, du bassin Méditerranéen au Moyen-Orient a encore élargi son univers jusqu'à la Chine des mandarins... Mais la présence d'un quatuor à cordes, (Florent Brannens et Amandine Ley : violons, Cyril Bouffyesse : alto, Nicolas Saint-Yves : violoncellelle ), outre le fait de développer les superbes arrangements écrits par Renaud-Garcia-Fons, lui donnait aussi l'occasion d'explorer la musique baroque, notamment dans l'introduction joviale de Mamamouchi, hommage à Molière...
Si le concert démarre par une introduction en solo, cordes frappées par l'archet pour évoquer le son d'un oud, et si a de nombreuses occasions la contrebasse à 5 cordes tient pour notre plus grand bonheur une place centrale, le répertoire marie les cordes : celles d'un quatuor classique, d'une guitare flamenca, ou celles d'instruments moins connus, le kemence, petite viole à trois cordes originaire de la Mer Noire au chant évoquant la voix humaine jouée par Derya Turkan, et le kannun, 75 cordes pincées avec virtuosité par Serkan Halili, qui nous entraînent irrésistiblement vers un Orient sans frontière. La guitare flamenca de Kiko Ruiz ponctue le discours de courtes phases, mais joue surtout un rôle rythmique (quelle technique de main droite!), le paroxysme étant un passage alliant la contrebasse utilisée comme un instrument à percussion, et la guitare aux cordes étouffées dans un duo plus que tonique.
Au centre de ce dispositif, un Renaud Garcia-Fons impérial, nous régalant tant à l'archet qu'en pizzicati, soliste extraordinaire et rythmicien accompli, attentif au rendu collectif de ses superbes compositions "habitées" : il y a dans cette musique une dimension spirituelle, un supplément d'âme qui transcende la virtuosité.
Les deux rappels et les applaudissements enthousiastes témoignent du bonheur ressenti par le public, à l'image de celui affiché par les musiciens.
Patrice Boyer
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