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Mardi 11 décembre 2018

 Auditorium Conservatoire Ardenne Métropole
CHARLEVILLE-MÉZIÈRES

GILLES BARIKOSKY QUARTET

photo André Henrot

Gilles Barikosky : saxophone ténor
Romain Pilon : guitare
Matyas Szandai : contrebasse
Antoine Paganotti : batterie

Un concert bien cool qui peut surprendre les habitués de la programmation de Charleville Action Jazz, généralement plus aventureuse. Mais quel plaisir de se retrouver dans un territoire franchement jazz, pour une balade tout en douceur. Le quartet de Gilles Barikosky s'inscrit dans la tradition, mais pas dans le plagiat. Tous les morceaux sont des compositions originales du leader, très subtiles et élégantes, avec un groove discret mais toujours présent. Les thèmes sont exposés avec un certain flegme, une sérénité qui n'a pas besoin de hausser le ton pour s'imposer. Le saxophoniste est à l'image du compositeur : doté d'un superbe son profond et chaleureux, à l'instar d'un Joe Henderson à qui il voue une grande admiration, il n'accapare pas la parole. Ses chorus magnifiquement construits sont concis, loin de tout bavardage inutile, s'appuyant sur les subtiles harmonies du guitariste Romain Pillon, à qui il laisse de grands espaces. Celui-ci est plus expansif, tout en restant discret : un son très clair sans grande variation tout au long du concert, un doigté et une fluidité au service d'un discours d'une grande clarté, et quel phrasé ! Un guitariste qui fut pour beaucoup une révélation, alors qu'il a déjà un beau parcours, et qu'il est leader d'un magnifique trio.
La rythmique est bien entendu adaptée à ce registre. Antoine Paganotti, très expressif, possède un jeu personnel, avec des relances originales bien venues, et un groove subtil. Le contrebassiste Matyas Szanday assure le tempo et les bases harmoniques avec classe, et se permet quelques beaux chorus. Pas de morceau up-tempo, on oscille entre ballades et tempo médium, il se dégage une sérénité partagée par des musiciens sur la même longueur d'onde.

Les compositions sont pour la plupart tirées du cd "Weeping Willow" enregistré par ce même quartet, et on a eu droit à la primeur d'un nouveau morceau, qui sera sur l'album à venir. Au cours du concert, on aura découvert une belle version de "Lady Sings The Blues", immortalisé par Billie Holliday, sur lequel Gilles Barikosky prouva à quel point il sait faire chanter son saxophone. Le public émerge de sa béatitude pour se faire offrir en rappel, une reprise tout en émotion de "Waltz For Ruth", composition de Charlie Haden, superbe manière de conclure un bien beau concert.

Patrice Boyer