Grégory Privat : piano, synthé, chant
Chris Jennings : contrebasse
Tilo Bertholo : batterie
On avait découvert Grégory Privat au Gaume Jazz Festival en 2018, lors d'un concert de Lars Danielson "Liberetto", formation que l'on a instantanément désiré programmer chez nous, ce qui fut fait l'année suivante. Une fois de plus, le jeu de piano de Grégory Privat fut éblouissant dans ce contexte, et nous étions impatients de découvrir son univers personnel décliné avec ce très beau trio.
Un répertoire bien différent, fortement influencé par la musique des Caraïbes, qui fait la part belle au synthétiseur, joué en alternance ou simultanément avec le piano, et au chant ( la plupart du temps en créole ), souvent utilisé pour introduire les morceaux. Alternance également des climats, entre ballades rêveuses et envolées tout en énergie... Une rythmique de rêve, et bien plus qu'une rythmique, avec un Chris Jennings au son magnifique, toujours aussi efficace dans tous les registres, de l'assise solide et groovy aux échappées mélodiques. Notons également son très beau travail à l'archet et une utilsation de l'électronique fort pertinente. Pour beaucoup, le batteur Tilo Bertholo fut une découverte : un son d'une rare précision, incisif, énergique, servi par une technique impressionnante, toujours au service de la musique, la propulsant sans l'envahir : un vrai bonheur!
Avec de pareils acolytes, Grégory a tôt fait de se lâcher, faisant preuve de la même virtuosité au synthé qu'au piano, se levant souvent de son siège pour se balancer, une main sur chaque clavier au rythme de la musique avec un bonheur évident. Il s'en explique lors d'une interview pour France Info/Culture: Pour moi, la musique commence à devenir intéressante quand on rentre dans cette transe, quand on ne se pose plus vraiment de questions sur les accords, si on fait la bonne note, quand tout le monde joue ensemble... Cet état où l'on est vraiment présent.
Quelques morceaux font encore la part belle au piano acoustique, tels "Sergueï" dédié à Rachmaninov, où la virtuosité et l'énergie font merveille.
Dès le début du concert, Grégory Privat cherche le contact avec le public, se confiant sur les circonstances d'écriture des morceaux, sur les émotions et ressentis qu'il aimerait partager avec les auditeurs de sa musique, qu'il encourage à l'accompagner en frappant dans les mains, ou en fredonnant avec lui un thème... Il définit très bien sa musique en expliquant le sens du titre d'un morceau qui donne son nom à l'album : Soley, ça veut dire "soleil" en créole, mais c'est aussi un acronyme que j'ai établi : "Spirituality Optimism Light and Energy coming to You." Je souhaite envoyer des ondes très lumineuses à travers ma musique.
Si l'on en croit les mines réjouies des (nombreux!) spectateurs à la sortie du concert, on peut penser que l'objectif est atteint : oubliées la grisaille de février et la crise sanitaire le temps d'une soirée!
Patrice Boyer