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Vendredi15 novembre 2019

THÉÂTRE de CHARLEVILLE-MEZIERES

LARS DANIELSSON "Liberetto"

photo André Henrot

Lars Danielsson : contrebasse
Grégory Privat : piano
Krister Jonsson : guitare
Magnus Öström : batterie

en partenariat avec le Théâtre de Charleville-Mézières

Quiconque ne connaissant de Lars Danielsson Liberetto que les trois magnifiques albums enregistrés sur le label Act, leurs superbes mélodies si délicates, leurs ambiances rêveuses, aurait difficilement pu présager des feux d'artifice qui en jailliraient lors de leur interprétation sur scène : le bienveillant Lars Danielsson a su s'entourer de quelques maîtres artificiers, capables d'exprimer tout en finesse les subtilités des compositions, puis leur donner sans transition une puissance et une ampleur inattendues.
Après un premier morceau installant une ambiance plutôt "space", flottante et féérique, la seconde composition donne à Grégory Privat l'occasion de s'envoler au cours d'un flamboyant chorus. Son jeu, à la fois lyrique et percussif, son toucher d'une précision incroyable, sa folle énergie font monter l'intensité, entraîné qu'il est par la batterie de Magnus Öström.
L'ancien batteur d'EST fait preuve à la fois de finesse et de légèreté, et d'une puissance irrésistible. Dans JazzMag Live, JF Mondo, chroniquant un concert de Liberetto, écrivait : "Je n’ai jamais entendu de batteur jouer avec une légèreté aussi féroce." C'est en effet ce que l'on ressent à son écoute, le choix subtil des cymbales s'accordant à merveille aux mélodies.
Le guitariste suédois Kris Jonsson, absent des enregistrements mais présent lors de nombreux concerts avec "Liberetto", très à l'aise sur ce répertoire, introduit magnifiquement les mélodies, les souligne ou les soutient de quelques riffs ou arpèges bien sentis et développe des chorus très harmonieux. Quant à Lars Danielsson, il veille sur ce beau monde avec attention et délectation, l'entraîne de son drive irrésistible, et enrichit les mélodies d'harmonies, de voicings et de contre chants inattendus, loin de toute facilité, puis nous gratifie d'un morceau interprété en solo tout en délicatesse, riche en harmoniques naturelles, exploitant toutes les possibilités de ses cordes, et utilisant avec parcimonie quelques effets électroniques enrichissant le spectre sonore.
Mais cette pause n'est qu'une respiration avant de reprendre le voyage collectif. Car c'est bien d'un collectif qu'il s'agit, chacun étant attentif à l'autre, favorisant l'interplay et poussant ses partenaires à donner le meilleur. Encore une fois, Grégory Privat fait des étincelles, ses origines caraïbes apportant une couleur tropicale aux compositions sans frontières de Lars Danielsson dont les quelques magnifiques chorus prouvent qu'il est un maître de l'instrument, tandis qu'au fil du concert, Kris Jonsson prend ses aises, jusqu'à se lâcher totalement lors du premier rappel lors d'un solo qui commence très bluesy et se termine par une explosion électrique salvatrice ! Le groupe développe alors une puissance étonnante, la basse gronde, les baguettes volent sur les fûts et les cymbales et les cordes du piano résonnent et crépitent.
Le deuxième rappel permet de redescendre et de retrouver de manière plus sereine ce qui fait le bonheur de cette musique, omniprésent  même dans ses développements les plus énergiques : le sens de la mélodie et du partage !

Patrice Boyer

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