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Mardi 17 avril 2018

 Auditorium Conservatoire Ardenne Métropole
CHARLEVILLE-MÉZIÈRES

LOÏS LE VAN QUARTET


L'album photo complet de René Doubleregard ici

Loïs Le Van : chant
Sylvain Rifflet : tenor sax
Bruno Ruder : piano
Chris Jennings : contrebasse

Un concert peut en cacher un autre ...

On attendait Loïs Le Van, le chanteur à la voix de velours, ses compositions fort originales, et son quartet de rêve...

Ils étaient tous là, sauf... le velours ! Que faire quand un chanteur en petite forme devient pratiquement aphone pendant le soundcheck ? Eh bien quand il est entouré de pointures telles que Sylvain Rifflet, Chris Jennings et Bruno Ruder, l'annulation du concert ne semble pas être la meilleure des solutions. Alors les musiciens se concertent, revoient la set-list, choisissent les morceaux que Loïs tentera de chanter, ceux dont ils vont proposer une version instrumentale, envisagent un ou deux standards, des compositions personnelles, des passages en solo, et haut les cœurs, le concert se fera !

Après un premier morceau, "False Cocoon ", chanté avec une voix fragile à la limite de la déchirure, évitant de monter dans les aigus, Loïs explique au public ce qui lui arrive pour la première fois -"Pas de chance, c'est tombé sur vous !" - et annonce qu'on va avoir droit à une première mondiale : certaines chansons en mode instrumental, avec le chanteur en retrait, des solos, un ou deux standards, des compositions des autres musiciens présents, et quelques vocaux...

Sylvain Rifflet enchaîne avec "How deep in the ocean", et on comprend instantanément qu'avec un tel trio, le concert sera de haut niveau. Sylvain Rifflet : un son unique au ténor, total contrôle de différents jeux, pouvant évoquer Stan Getz, puis jouer à la limite du growl, puis slapper en harmoniques avec une aisance confondante, toute cette belle technique au service d'un discours sans faille : un plaisir. Chris Jennings est un merveilleux contrebassiste au son parfaitement identifiable. S'il est un grand rythmicien, il est surtout un merveilleux mélodiste. Sa contrebasse chante tout au long du concert notamment dans sa composition " Le Calme" que jouera le trio un peu plus tard. Et le sourire qu'il arbore en dit long sur le plaisir qu'il prend à jouer... Bruno Ruder n'est pas en reste. Lui aussi maîtrise différents types de jeux. Si au cours d'un passage en solo, il privilégie les graves et les médiums et un jeu un peu percussif, un peu à la manière d'un Mal Waldron, lors d'un passage de folie avec une cascade de notes de Sylvain Rifflet ( sur une composition de Loïs Le Van ) il parcourt le clavier sur toute sa longueur avec une fougue impressionnante.

Entre temps, bien sûr, Loïs est revenu à plusieurs reprises, et a même un peu oublié de ménager sa voix sur une version d'Alifib, de Robert Wyatt, au cours de laquelle il a tout donné. Finalement, il a chanté 7 chansons sur les 13 morceaux, chansons extraites de l'album "So Much More", "que vous devez acheter si vous voulez savoir comment ça sonne en vrai!", et si la profondeur et la douceur de la voix faisaient un peu défaut, l'émotion était bien là. Le public se rendait compte des difficultés qu'il avait à interpréter ces chansons, et de l'effort nécessaire pour placer sa voix, et les applaudissements chaleureux sonnaient comme un encouragement.
D'autre part, les superbes versions instrumentales de ses autres chansons ont peut-être permis de mieux apprécier son talent de compositeur et de mélodiste.

En rappel, "Bird Alone", d'Abbey Lincoln, morceau qu'elle avait enregistré avec Stan Getz , où Sylvain Rifflet fit encore des miracles...

Finalement, on a pu assister à un excellent concert, et si on regrette un peu de n'avoir pas entendu Loïs dans la plénitude de ses moyens, on a toutefois pu entrer dans son univers, grâce à l'immense talent de ses partenaires. Un grand merci à eux, et à Loïs qui a eu le courage de monter sur scène dans ces conditions. Le public a apprécié cette attitude positive autant que la musique !

 

Patrice Boyer