Jeudi 20 Mars 2014
Auditorium CRD
CHARLEVILLE-MÉZIÈRES
MACHA GHARIBIAN QUARTET
Macha Gharibian : chant, piano
David Potaux-Razel : guitare
Théo Girard : contrebasse
Ariel Tessier : batterie
photo Michel Renaux
Un concert sous le signe de la dualité : instrumental / vocal, Arménie / jazz, acoustique / électrique, calme / énergie ... Macha Gharibian et ses musiciens distillent ces ingrédients pour en extraire un élixir tout à fait personnel.
Dès le premier morceau, les sonorités acoustiques du piano sont colorées par les harmoniques et le vibrato d'une guitare électrique nimbée de douceur, qui lui donnent des couleurs insolites. Au second s'ajoute la belle voix de Macha, qui nous rapproche d'une Arménie très souvent présente en filigrane, et parfois plus ouvertement notamment lors de l'interprétation en fin de concert d'une danse traditionnelle. Macha Gharibian et ses musiciens prennent le temps d'installer des climats. On sent souvent sous la douceur des thèmes et les enluminures orientalisantes du piano une tension interne qui parfois jaillit sous les coups de médiator de David Potaux-Razel, remarquable de bout en bout, soutenu par la batterie d'Ariel Tessier. Le jeune batteur, nouveau venu dans le quartet, s'est remarquablement intégré, jouant tout en finesse, même dans l'énergie des passages explosifs. Quant à Théo Girard, il apporte la constance d'un beau son bien rond, apportant une assise souple et une sensation de sérénité à l'ensemble.
On retiendra la berceuse "Kele Kele", la puissance d' "Affect Sories", morceau dédicacé à Ralph Alessi, Le "Ritual Prayer" et sa batterie tout en échos,"Night" sur un poème de William Blake, l'entremêlement de la guitare et du piano sur un traditionnel arménien. Pour un premier rappel, une nouvelle chanson, "There Was A Child", Macha abandonne son piano pour nous envelopper de sa voix chaude et grave, pendant que ces musiciens font progressivement monter la tension, avant de la laisser retomber pour laisser place à une émotion retenue.
Le public en redemandant, Macha Gharibian revient en solo interpréter une pièce de Rachmaninov , qui peu à peu dérive sur une composition personnelle. Pour beaucoup, ce concert aura été une belle découverte qui confirme la réussite de "Mars", premier enregistrement de Macha Gharibian. On attend le suivant, mais Macha prend son temps, il faudra patienter en gardant en mémoire ce beau concert.
Patrice Boyer