retour page d'accueil

Mardi 29 septembre 2020

 Auditorium Conservatoire Ardenne Métropole
CHARLEVILLE-MÉZIÈRES

David Patrois / Pierre Marcault Quintet
"Wild Poetry"


photo André Henrot

David Patrois : vibraphone, balafon
Pierre Marcault : djembé, bougarabous, percussions
Boris Blanchet : saxophones
Blaise Chevallier : contrebasse
Philippe Gleizes : batterie

Presque six mois sans concert ! Est-ce pour nous réhabituer que David Patrois et Pierre Marcault commencent en douceur par un duo balafon/djembé fort agréable, transportant une composition de Coltrane sur les terres africaines, voyage que Coltrane n'aurait pas refusé, remember Kulu Sé Mama!
Le public se souvient de ce qu'est la musique live ? On peut lâcher les chiens ! Entraîné par un Phillippe Gleizes déchainé le groupe s'attaque aux compositions personnelles tirées de son enregistrement Wild Poetry, et il s'en donne à coeur joie, malgré quelques problèmes de retours. Il faut dire qu'ils jouent fort les gaillards, pour se hisser au niveau sonore du batteur.
Le saxophone de Boris Blanchet est résolument coltranien, tant au ténor qu'au soprano, la contrebasse est remarquablement présente, David Patrois crée l'harmonie et les ambiances sur son vibraphone et alterne les chorus vibra/balafon. Au cours du concert, quelques moments d'accalmie marqués par des échanges et dialogues divers au cours desquels les musiciens font preuve d'une belle élégance. On remarquera le très beau travail à l'archet de Blaise Chevalier, la finesse de Pierre Marcault sur son udu (poterie délivrant des sons délicieux), et bien sûr David Patrois que l'on savait un maître du vibraphone, et qui nous fait aussi découvrir le balafon chromatique mêlant sonorité résolument africaine à des harmonies jazz. Un morceau, "Bala one" nous montre les possibilités de cet instrument, remarquablement propulsé par le djembé de Pierre Marcault au cours d'échanges mémorables.
Mais le collectif reprend résolument le dessus, et le groupe retrouve toute sa puissance et sa folle énergie. Boris Blanchet en profite pour nous gratifier de quelques chorus où sa sonorité déchirée fait merveille. Pierre Marcault alterne djembé, udu, et surtout ses bougarabous qui nous chantent une Afrique mythique, (notons un remarquable solo !) et habille d'autres moments des sonorités d'un éventail de cymbales et petites percussions. Philippe Gleizes sait aussi se faire plus discret quand la musique le demande, mais on le sent toujours sous tension, prêt à exploser dans des envolées où les expressions de son visage révèlent un plaisir intense.
Quant à David Patrois, il jubile de se trouver au sein d'une si belle équipe. Quel chemin parcouru depuis son premier passage chez nous avec le tout jeune Nelson Véras !
En rappel, Famoudou, un hommage de Pierre Marcault à l'immense djembefola guinéen Famoudou Konaté, avec qui il a joué et passé beaucoup de temps, dans les années 80-90. L'Afrique encore, et des rythmes qui donnent envie de bouger. Un final tout en beauté, à l'image de ce magnifique concert qui a fait un bien fou au public, lequel a réussi à oublier le temps d'une soirée le lourd protocole sanitaire respecté à la lettre par les organisateurs et le port obligatoire du masque ! Et n'oublions pas les musiciens qui n'avaient pas eu l'occasion de jouer ensemble depuis le mois de Mars. Leur plaisir était visible et ils l'ont partagé avec un public relativement nombreux vu les circonstances.

P. Boyer