Romain Pilon : guitare
Florent Nisse : contrebasse
Fred Pasqua : batterie
On avait découvert Romain Pilon lors d'un concert du quartet de Gilles Barikosky en décembre 2018, et le guitariste avait fortement marqué les esprits. C'était donc un plaisir de le retrouver à la tête de son propre trio, avec le batteur Fred Pasqua et le contrebassiste Florent Nisse. Dès le premier morceau, l'ambiance s'installe : une composition , "May", au tempo relativement lent, où l'on retrouve les caractéristiques du jeu de Romain Pilon, fluidité, maîtrise d'un son clair et limpide au service de la mélodie. Le morceau suivant, "Sucré", à peine plus rapide mais où peu à peu se développe une pulsation plus présente, met particulièrement en évidence la complicité qui unit Fred Pasqua au leader, avec qui il joue régulièrement depuis 12 ans ! Quant à Florent Nisse, s'il est nouveau dans l'univers de Romain Pilon, il est un partenaire régulier du batteur. Le trio fonctionne donc parfaitement.
Après ces compositions, Romain Pilon enchaîne avec un superbe thème de Bill Frisell, puis un morceau de Monk "Bye Ya" lequel devrait paraître sur un prochain enregistrement consacré à des standards, en compagnie de Jeff Ballard et Yoni Zelnik.
Ambiance un peu différente avec une ancienne composition du guitariste, "Blue", qui comme son titre l'indique, commence dans une ambiance assez mélancolique, mais évolue rapidement vers un versant presque rock, la guitare adoptant à cette occasion un son plus électrique et incisif. On enchaîne avec "Blues for Pat", composition de Charlie Haden au cours de laquelle Florent Nisse prend un chorus digne de son maître...
De manière assez lunaire, Romain Pilon présente le morceau suivant, dont il a oublié le titre, mais tiré d'un film dont il n'est plus très sûr, mais bon, c'était une chanson interprétée par Peggy Lee ! Encore une superbe mélodie interprétée avec beaucoup de sensibilité...
Une composition plus récente, "Sixto" , écrite après avoir découvert le documentaire consacré à Sixto Rodriguez, chanteur américain qui a enregistré à la fin des années 60 deux albums n'ayant pas rencontré un grand succès, et qui a repris son travail dans le bâtiment, sans se douter qu'il était une star en Afrique du Sud, où certaines de ses chansons servaient d'hymne au mouvement étudiant ... Une histoire émouvante, qui a visiblement séduit Romain Pilon ( plus dinfos : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sixto_Rodriguez )
J'ai très certainement oublié quelques morceaux interprétés au cours de ce beau concert, mettant en valeur une guitare magnifique, un jeu très éloigné des démonstrations virtuoses de bien des guitaristes, mais magnifiant la mélodie y compris lors de chorus d'un phrasé limpide. N'oublions pas une rythmique superlative complétant ce trio qui nous quitte en jouant en rappel un titre d'Herbie Hancock.
Romain Pilon repart aux USA en janvier enregistrer un second opus avec Brian Blade et Jeff Denson, une rythmique de rêve!
P. Boyer