Asaf Sirkis :
batterie, percussions, compositions
Sylwia Bialas :
voix, waterphone, compositions
Kevin Glasgow : basse
Franck Harrison : piano, claviers
Dernier concert avant le confinement !
Une ambiance particulière pour ce concert, un public peu nombreux (60 spectateurs) ayant bravé le coronovarius.
Certains prônent le repli sur soi, l'israélo-anglais Asaf Sirkis au contraire avait rassemblé une formation cosmopolite : une chanteuse polonaise, un bassiste écossais et un claviériste anglais, tous se mettant au service d'une musique célébrant la planète Terre, comme l'indique le titre du dernier album de la formation, "Our New Earth".
Une musique où la voix tient une grande place : des chansons en polonais sont la base de complexes explorations instrumentales où chacun a le loisir d'exprimer son talent : Sylwia Bialas, utilisant parfois sa voix comme un instrument, Kevin Glasgow jouant fréquemment de sa basse 6 cordes comme d'une guitare, Franck Harrisson se partageant entre le piano et les claviers électriques, Asaf Sirkis, fantastique batteur et coloriste qui nous a gratifié de quelques chorus époustouflants.
La musique, puisant son inspiration tant dans le jazz et la pop progressive que dans différents folklores, marie mélodies subtiles, rythmes complexes, ambiances sonores étonnantes : orgue d'église sur un morceau, sonorités étranges produites par un "waterphone" que beaucoup ont découvert pour la première fois, tapis sonore de tampura samplé sur lequel Asaf développe un étonnant konnakol (percussions vocales indiennes très virtuoses).
Les compositions sont signées alternativement par Sylwia Bialas et Asaf Sirkis, et à plusieurs reprises, s'enchainent comme deux mouvements complémentaires d'une même œuvre.
Asaf Sirkis, s'il ne se met pas en avant, illumine ce concert par son jeu lumineux, à la fois énergique et extrêmement musical, et sa frappe d'une précision incroyable, le tout au service de la musique, sans faire de démonstration. Il rêve d'une nouvelle planète, "Our New Earth", délivrée des menaces que la folie des hommes lui font subir, et on a bien envie de le suivre sur ce chemin, au moment où le monde pourrait basculer dans un cauchemar qu'il aura tenté de nous faire oublier l'espace d'une soirée.
P. Boyer