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Mercredi 15 novembre 2017

THÉÂTRE
CHARLEVILLE-MEZIERES

THOMAS DE POURQUERY

SUPERSONIC

photo André Henrot

Thomas de Pourquery : saxophones alto et soprano, voix, compositions
Fabrice Martinez : trompette, bugle, voix
Arnaud Roulin : claviers, voix
Frederick Galiay : basse, effets
Laurent Bardainne : saxophones ténor, baryton, voix
Edward Perraud : batterie, percussions, voix

en partenariat avec le Théâtre de Charleville-Mézières

Super concert du Supersonic ! Une salle bien remplie, un public enchanté, des musiciens généreux au meilleur de leur forme, une musique originale, vivante, au carrefour de multiples influences tout en étant étonnamment personnelle, cela fait des organisateurs et des auditeurs ravis et heureux !

On a affaire à un groupe, un vrai, composé de musiciens aux personnalités fortes, mises au service du collectif, avec une complicité qui irradie la scène. On a rarement vu autant de gestes de tendresse entre musiciens, et cela n'est qu'un signe révélateur d'une communion, d'un bonheur de jouer et d'être ensemble ! S'il n'y avait pas cet humour omniprésent, on abuserait d'allusions au mysticisme. Ces "Sons Of Love" ont-ils trouvé une recette magique ?

À en croire une interview accordée par Thomas de Pourquery à Culture Box, c'est d'amour qu'il s'agit : " - Au risque de paraître démagogique, il faut parler d’amour. C’est aussi pour cela que j’ai donné ce titre à l’album. La problématique universelle, c’est d’aimer, sous toutes ses formes, l’amour des autres, de vous-même, de votre travail, de la vie, de réussir à voir la beauté exceptionnelle de notre monde. Ce qui nous tient en vie, ce qui nous fait envie, c’est l’amour. Il n’y a rien d’autre. Bien sûr, ce n'est que de la musique, mais s’il devait y avoir un message dans cet album, ce serait celui-là, qui est très simple mais dit haut et fort. Il y a l’idée de crier l’amour et de fermer leur gueule aux rabat-joie, comme un bouclier intersidéral ! Ce disque, c’est aussi un hommage à mon groupe, à cette amitié qui nous lie et cet amour qui nous unit dans la musique. On est des amis dans la vie et on est fous amoureux quand on joue ensemble."

Sur scène, une front line de feu : Thomas de Pourquery, saxophone et chant, Laurent Bardainne, ténor et chant, et le régional Fabrice Martinez, trompette et chant... Derrière eux l'infernal Edward Perraud, virevoltant derrières ses fûts et cymbales, Frédérick Galiay imperturbable à la basse, et pour lier le tout, Arnaud Roulin au piano et claviers ... Tout ce beau monde va nous embarquer dans un voyage au carrefour du jazz, de la pop-musique, du rythm & blues, de la chanson... L'héritage de Sun Ra auquel Supersonic avait consacré son premier album est plus qu'un souvenir, puisqu'il reste deux de ses morceaux au programme, toutes autres les compositions sont originales, signées par Thomas de Pourquery. Beaucoup de chansons, portées par la très belle voix du leader, mais aussi par Laurent Bardainne et Fabrice Martinez dans des harmonies délicieuses. S'agit-il encore de jazz ? Oh oui, les très beaux voicings de cuivres en témoignent de même que la liberté que s'accordent les musiciens. Laurent Bardaine au superbe son de ténor évoque parfois Pharoah Sanders, Thomas de Pourquery à l'alto s'envole allègrement vers les cimes tout en emportant l'héritage de son instrument, et Fabrice Martinez prouve une fois de plus que ce n'est pas sans raisons qu'il est devenu le trompettiste indispensable au jazz hexagonal. Pas étonnant qu'il soit de tous les projets !

Si Arnaud Roulin est un peu caché derrière son piano, il est bien présent, habillant les chansons de ses harmonies et souvent de sons plus électriques ( le rock progressif des seventies n'est pas loin ! ), parfois secondé par Laurent Bardainne au synthé... Edward Perraud, batteur ô combien original et spectaculaire rajoute une couche d'électronique avec son "Kaoss Pad", et à l'occasion, Frédérick Galiay joue de la basse à l'archet ... "Give The Money Back" nous entraîne aussi aux confins du rock, du rythm & blues et du funk, emporté par l'énergie folle d'un Edward Perraud en transe, et surprend par un riff de cuivres final évoquant Ornette Coleman...

La communion avec le public ne fait pas de doute. Thomas de Pourquery arrive à faire chanter la salle sur Simple Forces, et en rappel, descend avec Fabrice Martinez et Edward Perraud pour jouer dans les allées du théâtre. Un auditoire ravi par plus d'une heure et demie de bonheur partagé avec une équipe de musiciens aussi chaleureux que talentueux...

Je laisserai le mot de la fin à Pascal Anquetil, chroniquant un récent concert pour JazzMag Live, avec un talent que je ne possède pas : " La quarantaine triomphante (il est né le 7-07-77), chaussures rouges comme son bec d’alto, barbu type Landru, Thomas le Magnifique nous parle ici d’amour, mais sans jamais tomber dans la niaise béatitude baba cool. C’est que chez lui c’est vraiment du vécu ! Par sa personnalité naturellement généreuse et à travers son saxophone et sa musique, de Pourquery irradie l’énergie la plus solaire. Ce “bouclier sidéral” qu’est selon lui l’amour se mue avec humour et glamour en un flux de tendresse partagée et communicative. Particulièrement dans ses ballades hypnotiques comme Slow Down et Simples Forces qu’il a su faire chanter à tout le public, tout heureux de participer à la fête. Supersonic est vraiment un drôle de vaisseau spatial qui sait apprivoiser le chaos et flirter avec l’extase, mélangeant, sans entraves de styles et de genres, transe et jouissance, intelligence et truculence, comique et cosmique, violence et insouciance, ivresse et tendresse, beauté et générosité. Ce n’est pas si courant ! "

Vous avez raté ce concert, ou vous voulez le revivre ? Voici trois extraits d'un récent concert Live @ La Gaîté Lyrique, Paris, France. Vous y retrouverez la même ambiance ! Je ne m'en lasse pas!
Patrice Boyer

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