François Poitou Quintet : Une formation fort originale au service de compositions qui ne le sont pas moins. Violon, alto, contrebasse, guitare et clarinette basse ou saxophone soprano. Les combinaisons sont multiples : les cordes jouées à l'archet ou en pizzicato, la clarinette basse succédant au soprano... Le mariage des timbres fonctionne à merveille, révélant la richesse et la subtilité des compositions de François Poitou aux arrangements cousus main.
On a parfois qualifié cette musique de Jazz de chambre, alors qu'à l'image des titres des morceaux, elle évoque le grand air et les embruns marins. Mais la finesse des arrangements, la qualité d'écriture peuvent justifier cette appellation. Les sonorités se marient dans un bel équilibre, et de ce canevas émergent ou surgissent des envolées lyriques portées par un instrument qui s'émancipe brièvement du son collectif. Ainsi Bastien Ribot libère son violon sur le premier morceau ( Hier, Aujourd'hui et Demain), la contrebasse du leader, suivie du saxophone de Maxime Berton s'expriment tour à tour sur Le Sec et La Lune. L'alto d'Heloïse Lefèvre nous fait voyager sur Le Silence de La Rue, la guitare d'Hugo Corbin mène La Danse du Poulpe dans Les Grandes Marées... Si chacun de ces instrumentistes hors-pair peut s'exprimer momentanément et exposer son talent à ces occasions, il n'est pas question de se mettre en avant, mais de rester au service des belles compositions de François Poitou riches de superbes mélodies qui se mêlent entre elles dans des harmonies légères. Il nous a rarement été donné d'entendre sur scène un répertoire si subtilement écrit, et joué avec une telle grâce par des musiciens qui se mettent au service d'une musique qui incite à rêver et à s'immerger dans un monde onirique, objectif revendiqué par le compositeur.
Objectif atteint : nous avons voyagé tels des Funambules, à peine remis un pied sur terre en reconnaissant Scarborough Fair, mélodie médiévale immortalisée par Simon&Garfunkel, bercés par des mélodies nocturnes d 'une belle originalité... Quand François Poitou annonce le dernier morceau, on est tout surpris, le temps s'est arrêté un moment, il est bien dommage de devoir retrouver la réalité d'une époque opaque... Patrice Boyer
"On est de plus impressionné par la capacité du contrebassiste à concilier exigence d’écriture – son travail est d’une remarquable précision – et l’idée de légèreté, de musique limpide. Le monde musical de François Poitou est celui de la retenue, il y a chez lui un art de la suspension qui est l’agent actif du lyrisme qui habite ce disque de sa première à sa dernière note. Surtout, sa musique semble n’être portée par aucune mode, aucun besoin d’accélérer le cours du temps et d’imaginer les contours du futur. Elle se veut, comme le dit la composition qui ouvre le disque, une proposition pour « Hier, aujourd’hui et demain. ».Denis Desassis - Citizenjazz.