Nous
devions recevoir Sophie Alour la saison dernière, après
l'excellent accueil de son premier enregistrement "Insulaire".
Ce concert ayant été annulé pour raisons de
santé, nous avons le plaisir d'inviter en 2008 son nouveau
quartet, auteur d'un album tout aussi réjouissant, "Uncaged",
marquant à l'évidence un changement de cap dans le
parcours de la saxophoniste.
"
Avec Uncaged, l'insulaire Sophie Alour sort de son île et
de sa cage pour s évader de l'univers musical post-bop et suave
dans lequel on l'avait trop vite enfermée. Elle conserve le même
type d'instrumentation que sur l'album précédent, mais avec des
musiciens différents et plus chevronnés.
La guitare de Seb Martel, qui apparaît sur quatre titres, et surtout
le clavier électrique (dès l'introduction d' Uncaged ) amènent
une sonorité rock qui participe à la formidable énergie et au renouveau
musical de cet album. Sophie Alour a durci sa sonorité, elle l'a
rendue plus anguleuse et plus puissante, afin de hurler le blues
dans des ambiances urbaines, sachant aussi dévoiler d'avantage de
tendresse, comme dans sa reprise getzienne de Goodbye.
On est impressionné par l'entente parfaite de ces cinq musiciens
trentenaires et par leur investissement personnel (Laurent Coq et
Karl Jannuska y amènent chacun des compositions)
La belle complicité entre le clavier et le saxophone, liée à la
qualité d'écoute mutuelle, offre des moments passionnants. Le jeu
de batterie de Jannuska combine finesse et efficacité, avec sa sonorité
haute et claire, il insuffle une merveilleuse dynamique, à la fois
souple et puissante….. "
Lionel Eskenazi Jazzman mai 2007
Biographie:
En 2002, le quotidien
Le Monde écrivait sous la plume de Sylvain Siclier : " On parle beaucoup
d'une jeune pousse, Sophie Alour , saxophoniste. Elle a un son, se méfie
d'être dans la reproduction des maîtres, un goût de recherche. Ce n'
est pas donné à tout le monde."
Formée au CIM en 1995 puis à l'IACP en 1998, elle fait ses classes sur
scène avec le groupe Rumbanana, notamment en animant durant quatre ans
"la Grosse Emission" sur la chaîne Comédie.
En 2000, elle intègre le big band de Christophe Dal Sasso qui se produit
au Parc Floral ou sur la grande scène de Marciac et qui occupe la scène
parisienne.
La même année elle fonde un sextet avec Stéphane Belmondo et le big
band le Vintage Orchestra avec Dominique Mandin, Eric Poirier et Fabien
Mary. Le big band se produit régulièrement dans les clubs parisiens
( le Méridien, le duc des Lombards, le Sunside) , dans les festivals
( Porto, Roqueferre, Foix ) ou à la maison de la radio ( France musique).
En 2004 , ils sortent leur premier album chez Nocturne intitulé "Thad".
Elle participe à l' enregistrement du disque de Christophe Dal Sasso
"Ouverture" qui sort chez Nocturne en 2004. Son solo sur "Vista"
est choisi pour figurer dans la play list de TSF.
Elle a joué dans le big band de Wynton Marsalis sur la grande scène
de Marciac en Aout 2004 et invite régulièrement Aldo Romano ou Emmanuel
Bex à se joindre à elle.
Elle fonde en 2004 un quartet avec Rhoda Scott , Airelle Besson et Julie
Saury qui donne son premier concert sur la grande scène du festival
de Vienne.
En 2005 , elle participe à l' enregistrement du second album d' Alexandre
Saada " Be where you are" , à celui des Pepper pils , big band
electro et enfin au disque de Stan Lafferière " Weatherman" (
Jazz aux remparts).
Enfin son premier enregistrement en leader, "Insulaire",
sous la direction artistique de Stéphane Belmondo la révèle
pleinement : totale maîtrise du son et du phrasé dans la
lignée de Joe Henderson, son "héro-musicien",
swing et groove, et un véritable talent de compositeur.
Après que Télérama
lui ait consacré sa Une (rarissime dans le jazz), c'est au tour de Libération
de lui consacrer une longue chronique en tête de rubrique. Sous la plume
de Serge Loupien, on lit : "Elle n'a rien à envier à ses ainées, Vi
Redd, Jane Ira Bloom, Jane Bunnett (...). Technicienne confirmée, elle
possède un son rééllement singulier". Enfin, Jazzman, dans son dossier
" Enfin les filles! " , publié dans le n° d'Avril
2006, lui consacre un portrait .
Tandis que ses
prestations en club se multiplient devant un public toujours plus nombreux
à la découvrir ou à la suivre de près, elle invite un soir des musiciens
à jouer à ses côtés : Laurent Coq (piano), Karl Jannuska (batterie)
et Yoni Zelnik (basse). Ce soir-là, une rare alchimie se produit : une
cohésion fusionnelle soude le groupe auquel il ne manque plus qu’un
ingrédient iconoclaste pour expliquer la genèse d’Uncaged. Cet ingrédient,
c’est le guitariste Sébastien Martel qui va l’apporter de la scène rock.
Autant d’incitations à ne pas démêler ce qui, dans ce deuxième album
relève encore de l’improvisation plutôt que de l’écriture. De la déclaration
de guerre ou du récit de paix. Derrière le parfum sulfureux de dissidence
contre des formes trop explorées, on décèle dans Uncaged une Sophie
Alour aguerrie, tenant les promesses de son passé, et décuplant celles
de son avenir.
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" Qu'est-il
arrivé à Sophie Alour? "Uncaged", répond
cette saxophoniste de 30 ans avec son deuxième disque, où
son image nous fixe, sans défi, dans un halo magnétique
bleu, comme une cage qui se dématerialise . Le précédant
album, "Insulaire ", ne la révélait pas enfermée
dans une conception révérencieuse du jazz; mais peut-être
sa manière de surmonter une sorte de fragilité pouvait-elle
encore être attribuée à sa féminité
( placée sous le patronage d'un saxophoniste révéré,
Joe Henderson).
Uncaged ne libère pas en elle quelque monstre égolâtre
mais une présence au monde très complète. Sophie
Alour a beaucoup joué en side-woman dans des formations, mais
elle a une âme de leader : Rien d'un dictateur, quelqu'un qui
sait dénicher des musiciens idéaux, ceux qui lui font
confiance pour lui offrir leur créativité entière.
Quand un(e) leader déniche pour partenaire d'autres leaders prêts
à lui donner le maximum, y compris leur propre musique, tout
se met à rouler. Avec Laurent Coq qui explore avec la même
originalité le piano et le Fender Rhodes, le guitariste Sébastien
Martel, le jeune contrebassiste Yoni Zelnik (l'un des plus demandés
pour sa façon de creuser le temps, ), le batteur Karl Jannuska,
Sophie Alour alterne sons électriques et sons acoustiques, inspiration
rock pour l'énergie et inspiration jazz pour la mélodie
enveloppante ( Comptine ) et les compos chercheuses ( Haunted ).
Surtout, elle joue avec une sonorité renouvelée, plus
riche, plus tendue, sur fond de douceur. On disait de Chet Baker qu'il
laissait chanter la femme en lui; de Sophie Alour, on pourrait dire
qu'elle danse avec sa propre idée de l'homme. Une belle façon
d'être humain pour une belle musicienne. Le jazz a toujours été
cette réquisition: ne jouez pas ce que vous savez, jouez qui
vous êtes, à ce moment de votre vie."
Michel Contat Télérama
Juin 2007
"Sophie Alour sur du velours"
"Lorsqu'elle
monte sur scène , en invitée d'un concert d'Aldo Romano,
on est surpris par sa beauté foudroyante. Sophie Alour a la grâce
et l'allure des danseuses de Degas. Et porte son saxophone attaché
autour du cou, comme un bijou géant.
Et puis le piano attaque les notes de "My one and only love".
Sophie porte le bec à ses lèvres et sort la première
note. Un son de velours, sans poids, et pourtant dense. Sa façon
d'avancer dans la mélodie sur la pointe des pieds évoque
le toucher de Chet Baker à un tel point que , en fermant les
yeux, on jurerait que le trompettiste est présent et a changé
d'instrument..... Lorsqu'elle passe aux registres moyens et bas et qu'elle
gonfle son cou, ses phrasés révèlent encore une
autre musicienne, dont la puissance est sûre et surprenante. Sophie
Alour est toujours en équilibre parfait sur le fil du rythme,
et déroule des guirlandes de notes, faisant preuve d'un talent
naturel de composition au cours de l'improvisation.
Impression d'un soir? Au concert suivant, où elle joue en leader,
son talent se confirme...."
L'express
Mai 2005
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