Tarif plein : 20€
Adhérents CAJ et
abonnés Théâtre : 17.30
-18 ans /étudiants : 8.30€

 

Réservations

Théâtre : 03 24 32 44 50

 

 

 


photo Philippe Etheldrede Affiche Michel Lhuillier

Aldo Romano :
batterie
Remi Vignolo :

contrebasse
Baptiste Trotignon :
piano

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myspace de baptiste Trotignon

 

site de Baptiste Trotignon

bio et interview d'Aldo Romano

     

Et si on se remettait à chanter ? Et si les jazzmen se « lâchaient » un peu et revenaient au pouvoir des chansons ? Pas à celui des standards qu’ils explorent, parcourent, déconstruisent depuis des décennies (et qui sont eux-mêmes des chansons, mais déconnectées de leur source) Non, aux chansons qui sont dans les mémoires, aux airs qui font partie de notre environnement, qui accompagnent le quotidien, sortent du poste de radio, passent et repassent dans notre champ auditif comme des repères plus ou moins identifiés d’une époque. Chansons populaires, chansons engagées, chansons rock, chansons françaises, chansons à texte, chansons d’amour, chansons ringardes… elles accompagnent nos vies, qu’on les aime ou qu’on les haïsse, qu’on veuille bien les entendre ou qu’on cherche à les fuir. Elles ont le pouvoir d’émouvoir les foules, d’attendrir les cœurs, de mobiliser les gens, de bouleverser des âmes. C’est ce capital sentimental que Baptiste Trotignon, Rémi Vignolo et Aldo Romano ont voulu mettre en jeu dans leur trio, en s’attaquant délibérément à des airs qui sont dans tous les esprits et restent attachés à une époque où les tubes servaient d’étendards à une génération qui croyait pouvoir changer le monde à coup de fleurs.

On est loin de Coltrane, loin de Miles Davis, loin de Bill Evans? Quoique. Ces trois illustres figures du jazz n'ont-elles pas, chacune à leur manière, interprété des chansons qui, on l'a trop souvent oublié, étaient aussi en leur temps des airs populaires ?
My Favorite Thing , que Coltrane explora sous toutes ses coutures, était une chanson de Broadway qui accrocha l'oreille du saxophoniste ; Miles Davis se moquait aussi bien qu' On Grenn Dolphin Street soit le générique d'un film de cinéma; Bill Evans avait inscrit I Do It For Your Love de Paul Simon à son répertoire sans arrière-pensées...

Le jazz s'est toujours nourri de la musique qui l'environnait, recyclant les rengaines à la mode, convertissant les bluettes en be-bop, déterrant des refrains oubliés pour en faire des merveilles. Et ça continue : voyez Brad Mehldau qui emprunte à Radiohead et à Nick Drake, tous ces jazzmen qui reprennent les chansons de Bjork ou encore , les différentes tentatives pour faire entrer les pop-tunes d'aujourd'hui aux côtés des standards d'antan. Le jazz phagocyte les musiques dans l'air du temps: Il pioche des mélodies qui l'enchantent, s'arroge des airs qui sonnent bien et les fait siens, les recompose, les rhabille. Entre la métamorphose radicale et le simple décalque, la marge de liberté est grande : les musiciens l'investissent de leur talent. Il en est qui se perdent à cet exercice de la reprise; il en est d'autres qui savent trouver les moyens de se surpasser au point de faire oublier l'original. C'est ludique, inventif, risqué, et cela produit parfois des merveilles. Trotignon, Vignolo et Romano ont su jubiler de cette expérience.

En se plongeant dans un répertoire où Léo Ferré côtoie les Doors, où Serge Gainsbourg succède à Murray Head, où Michel Polnareff voisine avec Bob Dylan, où Led Zeppelin rejoint Pink Floyd, assurément Baptiste Trotignon, Rémi Vignolo et Aldo Romano mettent les pieds dans le plat. Le jazz y reconnaîtra-t-il ses enfants? Oui, sans aucun doute, car en s'embarquant dans cette aventure au parfum très seventies, nos trois camarades n'ont pas abandonné ce qui leur vaut d'être considérés comme des musiciens exceptionnels. Pas question donc, de sortir des guitares, de brancher des synthés ni de chercher des effets vintage pour jouer la carte nostalgie. Au contraire, fidèle à lui même, le trio s'affiche résolument acoustique, avec son background enraciné dans le jazz, sans rien abandonner de sa virtuosité, en reprenant les chansons comme des thèmes pour improviser. La perception, pour celui qui écoute comme pour ceux qui jouent, n'est évidemment pas la même que sur un répertoire plus commun, mais seuls les puristes s'en offenseront car force est de constater que ça marche ! Et que tous ces tubes, abordés avec inventivité et fraîcheur, se révèlent d'excellents véhicules aux joies de l'improvisation et au plaisir du jeu triangulaire. Mieux, ils portent les musiciens à se dépasser et à libérer une émotion qu'ils ont souvent quelque réticence à faire entendre dans leur contexte habituel. Et à réactiver la mémoire collective au contact de ces tubes, à instaurer une connivence, à éveiller une émotion qui entre en résonance avec une foule d'autres plus anciennes.

L'heure, en effet, n'est pas à l'ironie : Trotignon, Vignolo et Romano n'ont pris aucune de ces chansons de haut, ni cherché à les tourner en dérision, mais bien à les faire sonner -malgré la gageure. Comment rivaliser avec la puissance d'un groupe rock quand on est un jazz trio ? Comment s'approprier des chansons aussi marquées par la personnalité de leurs interprètes originaux ? Le lyrisme de chacun fait la force de leurs versions. Lyrisme du pianiste Baptiste Trotignon qui, dans ses récitals en solo, avec son trio ou en quartet avec David El-Malek, a prouvé qu'il mettait sa virtuosité magnifique au service d'un chant intérieur. Lyrisme du bassiste Remi Vignolo qui s'affirme comme un musicien exceptionnel, grandi dans l'héritage de ceux qui ont hissé l'instrument au rang de soliste, de Scott La Faro à Miroslav Vitous. Lyrisme enfin , du batteur Aldo Romano, dont on connaît la poésie de compositeur et qui, il y a peu, dévoilait sur disque ses ambitions de chanteur. De la combinaison de leurs sensibilités respectives naissent des interprétations éruptives ( SeaSong/ Crying Song ) ; des moments de grâce (Your Song)ou de jubilation (Black Dog) ; des élans habités (C'est Extra) et d'autres plus joueurs (Mr Tambourine Man ); et une profondeur mélancolique (Say it Ain't so) ou encore une émotion envoûtante (The End). Preuve que, même sans paroles, les chansons gardent de leur force et peuvent vivre mille vies tant qu'elles trouvent sur leur chemin des musiciens comme ceux de ce trio pour les faire sonner à leur juste mesure. A ce titre, ces derniers méritent bien quelques fleurs !

 

 

LA PRESSE :

" Dans les années hippies, rock psychédélique, Woodstock et Californie chevelue, le batteur Aldo Romano avait l'âge qu'ont à présent Remi Vignolo et Baptiste Trotignon, les plus en vue des musiciens français de jazz actuel, l'un contrebassiste, l'autre pianiste, perfusés eux aussi avec effet retard, à la pop-folk-rock sixties.
Le pouvoir des flower-power people, ils l'ont mesuré à la permanence, en eux et autour d'eux, des airs de l'époque…. De Polnareff à Simon & Garfunkel, de James Taylor à Serge Gainsbourg, de Dylan à Led Zeppelin, sans oublier Robert Wyatt, Pink Floyd et les Doors, des morceaux que nous pouvons tous chanter, même sans en connaître les titres.
Le trio équilatéral et transgénérationnel que forment ces monstres d'aujourd'hui ne les revisite pas, ces tubes, il les approprie à son jazz acoustique avec une énergie et une joie de groover qui les respecte entièrement, avec aussi ce qu'il faut d'humour et de tendresse pour que la nostalgie redevienne ce qu'elle était….. "
Michel Contat Télérama

"..... On a tous fredonné ces airs. Ils ont fait partie de la jeunesse du batteur sexagénaire du groupe : Aldo Romano. Mais quid des deux autres jeunes très jeunes instrumentistes, le pianiste Baptiste Trotignon et le contrebassiste Rémi Vignolo qui, eux, n’étaient pas nés ? C’est là où la magie du jazz opère. Une suite habile d’accords, un joli thème accrocheur… Voilà qui suffit à ce genre de musiciens pour broder leurs propres variations, s’approprier ces airs populaires. Y mettre humour, décalage, touche personnelle, en redessiner les contours, tel un styliste inspiré par des silhouettes féminines, un metteur en scène par une œuvre classique.
Le « Love me, please love » opte sur un tempo trépidant, décalé de l’original larmoyant. Bon départ ! « Sea song » tiré du « Rock Bottom » de l’ex Soft Machine ne s’en démarque pas et renoue avec la désespérance du batteur devenu paraplégique. Le « Black Dog» de Led Zep, montre de nouveau les crocs dans une version musclée où le piano sonne comme celui d’un Mc Coy Tyner. « Mister Tambourine man » adopte, guilleret, un tempo tressautant à la Keith Jarrett.. On appréciera plutôt les subtils décalages rythmiques, le jeu très libre de Romano, le choix des harmonies très ouvertes du pianiste sur le « C’est extra » ou encore plus osé sur «The end » des Doors."
Albi Bop

 
 

"Comme on commence par la fin, et cette brinquebalante version du The End des Doors, qui n'est pas sans rappeler le Caravan d'Ellington, on se dit qu'on est face au meilleur disque de jazz français de l'année : après des décennies d'emprunt de la pop-music au jazz et aux racines du blues, le saumon musical cesse en effet de remonter le courant, et trois pointures du jazz européen, conservant scrupuleusement une configuration acoustique, s'attaquent à des airs pop. Si l'on se voulait aussi sectaire qu'un adhérent du Hot Club de France, on objecterait que, malgré l'intitulé, bien peu de mélodies ici se réfèrent directement à la fulgurance hippie (le Mr. Tambourine Man de Bob Dylan, et encore). Si on était aussi intégriste qu'un fan de heavy metal, on assènerait qu'enchaîner Polnareff, Pink Floyd ou Murray Head ne fait pousser les cheveux de personne. Mais comme on est bonne pâte, on conviendra que, paradoxalement, la plus belle réussite de ce disque (où les trois tiennent leur pupitre avec une aisance digne de leur rang) est la visite au pays de Led Zeppelin, ce Black Dog heurté et martelé sur clavier, peaux et cordes épaisses jusqu'au paroxysme : il n'est alors, et c'est heureux, plus question de genre musical, mais bien de passion, de violence, et d'inspiration"

Christian Larrède Les Inrocks

 
     
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